Le mémorial du Camp d’Argelès
Entre le mois de février 1939 et le début de l’année 1942, plus de 160.000 hommes, femmes et enfants vont passer par le camp d’Argelès-sur-Mer. Ce sont majoritairement des réfugiés espagnols mais aussi des anciens des brigades internationales, des nomades français ou des réfugiés de l’Est de l’Europe dont des juifs étrangers. Ce site, revient sur les trois ans de fonctionnement de ce camp installé à même la plage.
L’espace du Mémorial se compose d’une exposition permanente dotée d’une scénographie interactive complétée par des films, des témoignages audiovisuels, des documents d’archives, des coupures de presse, des photographies, des œuvres d’art…. Le Mémorial dispose aussi d’une salle réservée aux expositions temporaires qui s’égrènent au long de l’anné
Témoignage
Extrait du journal manuscrit d'Isidre Vives Torrents écrit au camp de Bram en 1939 et traduit par son petit-fils.
6 février 1939
Il fait déjà nuit quand nous traversons Argelès-sur-Mer. Nous demandons si le lieu où nous allons est encore loin, et tout comme les paysans de Catalogne, ils nous disent que non, que ce n'est pas loin, mais nous ne finissons pas d'y arriver. J'encourage les compagnons qui n'en peuvent plus...et nous continuons comme ça. Quand il nous semble que nous y sommes, parce que nous voyons beaucoup de gardes et des édifices illuminés, ils nous font nous ranger et attendre. Enfin ils viennent, ils nous comptent, et nous partons. Au loin, nous voyons des foyers qui se rapprochent au fur et à mesure que nous marchons. Nous traversons une pinède, nous voyons des maisonnettes et des villas. Nous les laissons derrière nous. Il fait nuit, mais nous nous rendons compte que nous marchons sur le sable. Où devons-nous être ? Nous nous approchons des foyers quand le garde dit « Nous sommes arrivés » et il s'en va. La déception est forte. Marcher toute la journée, peut-être 40 km, sans presque rien manger et, pour couronnement, dormir dehors et sur le sable. Bien, qu'y ferons-nous ? Maintenant, nous sommes des réfugiés qu'on a bien voulu accueillir pour nous jeter sur le sable et nous devons nous contenter de ce qu'on nous donne. Tout de suite nous allumons un foyer comme il y en a déjà tant d'autres d’allumés. Nous mangeons une bouchée et nous nous mettons à dormir près du feu. L'humidité est prégnante.
7 février 1939
Au point du jour, je réalise dans quel endroit nous sommes : au milieu d'une mer de sable toute gelée ; tout comme est gelé le dessus de nos couvertures. La rosée a tout recouvert de blanc. À la cuillère, nous mangeons une boîte de lait concentré. Quand nous nous disposons à déguerpir, la police et les Sénégalais arrivent et entre « Alé, Alé » et coups de crosse, ils nous mènent à l'intérieur du camp d'Argelès-sur-Plage. Nous avions passé la nuit à l'extérieur de celui-ci. Il y a très peu de différence entre l'intérieur et l'extérieur, juste la clôture qui les sépare. On voit six ou sept baraquements, dont on dit qu'ils sont en cours d'aménagement pour les blessés. Désillusion, il nous faudra dormir à la belle étoile. Ils disent que si nous sommes 25 nous recevrons du matériel et nous pourrons construire notre baraque nous-mêmes. Nous y allons, mais les sénégalais nous sortent le cri bien connu de Alé, Alé et ils nous font repartir vers l'intérieur. Nous nous installons où bon nous semble, sous la cape bleue du ciel. On nous donne du pain. C'est tout ce que nous recevrons de la journée.
Pour plus de témoignages, rendez-vous 26 avenue de la Libération à Argelès Village !
Vous pouvez le visiter :
- d’octobre à juin, du mardi au samedi (de 10h à 13h et de 14h à 18h)
- de juillet à septembre ainsi que pendant la semaine de Pâques, 7 jours sur 7 (de 10h à 18h sans interruption)
Au tarif de 2€ par personne (avec un accès gratuit à la Casa de l’Albera) et de 1.50€ par personne pour les groupes de + de 15 personnes (réservation conseillée).