Réserve naturelle nationale DE LA MASSANE
Une forêt extraordinaire dans le sud de de la France.
Il est une forêt dans l’extrême sud de la France, en pays catalan, dans les Pyrénées Orientales, qui porte le nom d’une petite rivière côtière, la Massane. Elle est essentiellement composée de hêtres, qui trouvent ici leur limite sud de répartition en France.
Plus de 10 000 espèces vivantes
Entre 600 et 1100 m d’altitude, elle est proche de la Mer Méditerranée, au-dessus de la commune d’Argelès-sur-Mer et s’étend sur 336 ha. Elle représente aujourd’hui le site (ramené à sa surface) le plus riche en nombre d’espèces en Europe : nous y avons déterminé plus de 10 000 espèces vivantes – oiseaux, poissons, mammifères, tous les vertébrés – et on fait maintenant des inventaires de groupes plus difficiles à étudier. Elle est, chronologiquement, la 5ème réserve nationale naturelle créée en France, en 1973.
l’inventaire des coccinelles
Avec près de 130 espèces recensées en France, les Coccinelles demeurent un groupe encore mal connu. Au-delà de l’image d’Epinal de la Bête à bon Dieu, rouge à sept points noirs, se cache en réalité une immense diversité de formes et de mœurs.
L’étude fine de leur écologie et de leur répartition permet d’aborder de manière pertinente des thématiques aussi variées que l’agriculture, la sylviculture, la gestion des espaces naturels et la problématique des espèces exotiques envahissantes. Leur excellente image auprès du grand public facilite par ailleurs la transmission de messages de protection de l’environnement aujourd’hui plus que nécessaires.
La Réserve Naturelle Nationale de la Forêt de la Massane possède un patrimoine naturel remarquable révélé par de nombreuses prospections naturalistes, y compris des inventaires entomologiques. A l’heure actuelle, 27 espèces de coléoptères Coccinellidae y ont été recensées, ce qui semble de prime abord assez faible au regard de la situation biogéographique de la réserve.
Étonnamment, cette liste n’englobe pas plusieurs espèces caractéristiques des hêtraies, comme Nephus bipunctatus et Calvia decemguttata. La Coccinelle migratrice (Hippodamia undecimnotata), qui hiverne sur les sommets et les crêtes, doit également pouvoir être trouvée.
Plus de la moitié des coccinelles de France étant minuscules et peu colorées, il est vraisemblable qu’une partie d’entre elles ait échappé aux recherches. Par ailleurs, il existe des espèces jumelles : par exemple, derrière la fameuse Coccinelle à 7 points peut se cacher la Coccinelle magnifique (Coccinella magnifica), beaucoup plus rare et dont la particularité est d’être tolérée par les fourmis.
Enfin, plusieurs espèces exogènes, d’origine asiatique et australienne, sont en expansion en France. Deux d’entre elles ont déjà été observées dans la réserve (Harmonia axyridis et Rhyzobius lophanthae), mais il est probable qu’une troisième (Rhyzobius forestieri) soit également présente.
La faune des Pyrénées-Orientales est également mal connue, et cette étude sera l’occasion de dresser un bilan chronologique des citations bibliographiques (antérieures à 1900, avant 1950, avant 2000, postérieures à 2000). A noter en outre que ce secteur géographique constitue avec la marge sud-est du pays une zone privilégiée pour la découverte d’espèces nouvelles pour la faune de France.
La Massane, une sentinelle de l’accélération du changement climatique
Soumise à un rude climat de semi-altitude (vents fréquents au-dessus de 100 km/h) la Massane représente aujourd’hui une extraordinaire sentinelle de l’accélération du changement climatique et, bien que non exploitée depuis 140 ans, elle est menacée par la diminution des précipitations, l’augmentation des températures moyennes et le trafic routier intense très proche (col du Perthus). On y élève des vaches, habituées à la montagne, aux pentes. Plus de 50 000 arbres y sont suivis individuellement depuis 40 ans et nulle part ailleurs, y ont été menés autant d’études et d’inventaires de microorganismes, champignons, flore et faune. La libre évolution du système forestier y a permis l’accumulation d’une extraordinaire faune d’espèces saproxyliques, vivant dans le bois mort. Tout ceci lui a valu en juillet 2021 d’être classée par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité. Une gloire fantastique pour une forêt française. On l’aime, on la protège, elle constitue un extraordinaire “laboratoire à ciel ouvert” et sa conservation est essentielle.